«Un parfait inconnu»: Timothée Chalamet, un Bob Dylan libre et sans compromis
James Mangold et Timothée Chalamet n’ont pas la prétention d’élucider le mystère Bob Dylan, mais d’offrir le portrait d’un compositeur devenu la voix de sa génération.
En 1961, lorsque Bob Dylan (Timothée Chalamet) arrive à New York, c’est pour rencontrer son idole, Woody Guthrie (Scoot McNairy), à l’hôpital et atteint de la maladie de Huntington, afin de lui chanter Song To Woody. C’est à son chevet qu’il fait la connaissance de Pete Seeger (Edward Norton, parfait), lui aussi chanteur de folk.
PHOTO MACALL POLAY, FOURNIE PAR SEARCHLIGHT PICTURES.
Hébergé par Sylvie Russo (jouée par Elle Fanning et dont le nom a été changé à la demande de Dylan lui-même; Suze Rotolo est la jeune femme qui apparaît sur la couverture de son album The Freewheelin’ Bob Dylan), il croise presque instantanément la route de Joan Baez (Monica Barbaro, lumineuse), avec qui il entretiendra une relation amoureuse marquée par une compétition professionnelle. S’il atteint rapidement la notoriété (on remarquera le parallèle avec son interprète), vendant des albums, se produisant sur scène, notamment au Newport Folk Festival, c’est moins la star qui est étudiée que l’homme.
Par le prisme de ses relations centrales avec deux femmes, le scénario de James Mangold et de Jay Cocks, tiré de l’ouvrage Dylan Goes Electric! d’Elijah Wald, tente de percer la psychologie du compositeur taciturne. On pourrait penser, à tort, qu’Un parfait inconnu est une analyse sur la manière dont Dylan a délaissé la musique folk traditionnelle pour passer aux instruments électriques. Mais en choisissant ce tournant musical, le long métrage dresse le portrait d’une génération qui provoque la contestation et force le changement.
PHOTO MACALL POLAY, FOURNIE PAR SEARCHLIGHT PICTURES.
Timothée Chalamet nous a habitués aux rôles nuancés et complexes. De son Elio amoureux obsédé dans Appelle-moi par ton nom au Lee errant cannibale de Bones and All, au Wonka joyeux de Willy Wonka, jusqu’au messianique Paul Atréides dans les deux Dune de Denis Villeneuve, l’acteur de 28 ans possède la remarquable capacité de se transformer en n’importe quel personnage et d’épouser l’air du temps afin de rendre son portrait toujours pertinent et en phase avec la réalité. De Bob Dylan, il choisit d’explorer le charisme, cette manière qu’il a de séduire les foules et les particuliers, et cette conviction en son talent. Il n’explique ni ne justifie, suivant à la lettre le scénario d’Un parfait inconnu (les mots A Complete Unknown étant tirés de la chanson Like A Rolling Stone), le long métrage ne voulant que saisir l’essence d’un homme qui a su demeurer mystérieux malgré tout.
Mais ce mystère, comme le laissent entendre les images de Dylan sur sa moto, n’en est peut-être pas un. Bob Dylan n’est peut-être qu’un compositeur qui ne tient qu’à une chose: sa liberté de création, sans compromis.
Note: 4 sur 5
Un parfait inconnu déboulera sur les écrans de la province dès le 25 décembre.